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Foutaises et insomnies .
20 juin 2013

Porcelaine et Crustacés

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Et pendant ce temps, la poupée se morcelle, la poupée s’éparpille. Lentement, doucement. La porcelaine craque avec ce bruit si distinctif, si crissant. Du sang sort par tous les orifices et c’est dégueulasse. Les naïfs se demandent pourquoi la communication est rompue. On leur répond abruptement que ce n’est pas leur faute, que c’est la société, que c’est l’altruisme, que c’est n’importe quoi. Il n’y a pas d’excuse, juste des faux-semblants. Et pendant ce temps, la poupée se morcelle, la poupée s’éparpille. Mais fuis, diront les lâches. Mais affronte donc, diront les courageux qui n’y comprennent rien. Seulement la porcelaine, elle se disperse. La porcelaine, elle tombe. Bientôt la poupée n’a plus de jambes. Seulement du sang qui s’écoule, qui s’écoule. Et elle reste là, coincée, paniquée. Elle ne peut pas crier, la poupée. Elle ne peut pas pleurer, la poupée. Elle peut seulement se briser en mille morceaux. Elle peut seulement disparaître peu à peu. Ca y est, la poupée n’a plus de bras. Alors comment appellera-t-elle au secours, sans membres et sans voix ? , demanderont les inquiets. Mais elle va mourir !, s’écrient les fatalistes. Le philosophe en appelle au sens de la vie, le scientifique à la sélection naturelle. Et pendant ce temps, la poupée se morcelle, la poupée s’éparpille. Moi j’ai rien vu, diront les aveuglés. Moi je m’en fous, diront les gens honnêtes. De toute façon, elle sourit. Elle ne peut pas aller mal, diront les hypocrites. Et elle qui les regarde, son sourire peint sur la bouche, immuable et obstiné. Car elle est têtue la poupée. Et ce sang qui continue de couler. Ça en fait, des litres, pour une poupée fabriquée. Et ça n’est pas prêt de s’arrêter. La voilà à présent sans corps, sans cœur. Sa tête au milieu d’une flaque de son propre sang, elle continue de regarder alentours. Sans cœur, au moins elle n’a plus mal. Sans cœur, au moins elle n’a plus peur. De toute façon c’était trop tard, personne n’aurait pu l’aider, diront les gens qui tentent de se rassurer. Et pendant ce temps, la poupée se morcelle, la poupée s’éparpille. Au milieu d’un cercle de badauds n’ayant rien à voir les uns avec les autres, la poupée laisse deux globes oculaires, une poignée de cheveux synthétiques et une mare de sang. Elle est morte. Ils ont à présent un point commun : personne n’a réagi. Ce n’était la faute de personne, mais pendant ce temps-là, la poupée s’était morcelée, la poupée s’était éparpillée. 

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